Isabelle est une maman ordinaire qui a décidé que son accouchement serait un moment extraordinaire. Un moment où se mélangerait intimité, respect, valeurs, un moment où accompagnée elle donnera la vie chez elle.
Je vous propose de lire ce beau témoignage d’Isabelle.
A Sidonie et Marie et toutes ces sages femmes qui accompagnent les couples/parents/bébés dans cette étape de vie si précieuse…
Cet accouchement a été une valse des émotions extrêmes, une révélation des besoins les plus profonds, un combat puissant entre le corps et l’esprit.
Au milieu de tout ça : moi et mes parts, tantôt actrices, tantôt spectatrices… Moi petite, moi grande, moi facilitatrice, moi empêcheuse de tourner en rond…
Avec nous, deux femmes, deux âmes humaines : deux sages-femmes.
Elles sont venues pour encadrer de leurs compétences, de leur expertise, de leur expérience, un événement, une femme, un enfant, un couple s’offrant à la naissance d’un enfant…
Elles sont venues soutenir, vibrer, s’offrir, offrir le calme dans la tempête, offrir la présence quand tout en moi criait la solitude, offrir la fermeté et la bienveillance dans la détresse et l’égarement, offrir le discernement et la confiance.
Elles sont reparties.
« Il y a comme un goût de tristesse, une boule amère qui diffuse lentement au fond du ventre…
Pourquoi se quitter, on était bien ensemble, on formait une belle équipe… »
Telle une flamme qui c’est rallumée, une part, jadis blessée a pu revivre dans la relation à ces sages-femmes ce qui un jour à été brisé en moi : j’ai sans doute vécu un moment dans ma vie où je m’apprêtais à vivre quelque chose de grand et j’avais besoin de soutien et je me suis retrouvée seule
Et donc…
Renoncer devant un obstacle malgré ce que réussir pourrait nourrir en moi comme aspirations profondes, était devenu ma zone de confort.
Et puis, ces besoins d’autonomie et de souveraineté qui cohabitaient avec les besoins de soutien et de présence. Ils se sont affrontés et je n’ai pu les faire valser pour trouver une stratégie commune*.
Les stratégies se sont affrontées :
-Le travail commence, les contractions sont régulières et espacées de 2 min. Il fait nuit. Gaël, le grand frère dort. L’idée d’accoucher dans la nuit, avant que Sidonie et Marie n’arrivent me traverse l’esprit.
Et soudain l’autre besoin émerge :
« On appel Sidonie, Luc ? » Dis je sur mon ballon.
Et force est de constater qu’une fois que Sidonie et Marie sont arrivées et installées, les contractions se sont espacées et ont diminuées…
Le projet : offrir notre nid douillet, notre maison, comme cadre à la naissance de Justin. Besoin d’intimité, de respect de nos rythmes, de bienveillance et de douceur.
Ce projet à été pensé, réfléchi, analysé, imaginé… Jusqu’au jour J, où enfin il pouvait se vivre, apparu « l’obstacle ».
L’obstacle ici : la douleur, la peur de la douleur innavouée.
Le corps des femmes sait accouché. Ai je entendu et lu.
« Ah bon ça va alors, on a l’expert en nous les filles ! » a fanfaronné une de mes parts. Et de conclure aussi rapidement :
« On aura même pas mal, et cette douleur c’est typiquement un truc d’occidentales. Mais nous on va pas se la jouer occidentales… !! On est capable de dépasser ça ! Bon ça c’est réglé, plus la peine d’y revenir.»
Ce que mon esprit peut être convaincant quand il refuse un état de fait. J’ai même occulté certaines stratégies que j’avais préparé qui pouvaient être antalgiques. Je m’en allais donc tranquillement et toute guillerette vers cet événement, ce passage, sereine et tranquille, ayant supprimée de la perspective une partie de la réalité : mon corps, il aurait été mon allié si j’avais su l’écouter et lui passer la main.
Et oui, le jour J, la douleur était bien là. Et plus je grimpait là haut dans les tours me réfugier dans mon esprit, plus elle grondait en sourdine. Seul le sommeil, l’abandon vers l’inconscience, avait le pouvoir de relancer les contractions.
La souffrance est, quand il y a un « NON » à la réalité !
Avec Sidonie et Marie, on a un peu cherché, pour comprendre et pour faire sortir…
Pour ne plus être perché là haut, ne plus penser, lâcher prise…
Et puis, en fait, ça avait besoin de se vivre ainsi.
Dans la contracture, dans la non-acceptation de ce qui est…
J’ai voulu renoncer au projet :
« J’veux allez à la clinique, qu’on me pose une péridurale !! »
Sidonie :« A dilatation complète, tu vas accoucher dans la voiture !! »
Ma décision était prise, une part de moi qui avait fait ce forcing intérieur, c’est sentie soudain soulagée, entendue…et pourtant, les évènements prirent une toute autre tournure.
Marie :« Il reste un dernier truc à tenter, on peut finir de percer la poche des eaux »
Je fais non de la tête.
Sidonie :« Bon ok on se prépare pour partir. »
Je me sens à ce moment soutenue, guidée par des phares que sont ces deux femmes. Elles ne prennent pas de décisions à ma place, me laisse la barre, et pourtant elles tiennent la boussole et m’indiquent le Nord. Avec beaucoup de confiance et de clarté elles me guident et me montrent qu’elles me suiveront là où je décide d’aller, tant que tout va bien pour moi et le bébé.
« Ok, on y va on perce », cette part ne cède pas elle y va en toute confiance et s’abandonne.
C’est la fin. Je peux tout hurler, je me sens protégée, entourée. Justin va sortir, Justin va naître.
J’ai hurlé ce NON !!!! J’y ai droit.
Justin est là sous moi. En une fraction de seconde je suis avec lui, je le rejoins.
Je ne suis plus la petite, je suis la grande de nouveau. Je suis maman pour la deuxième fois avec cette bienveillance qui m’a été offerte, je peux passer le relais, avoir confiance en moi et donner à ce petit être tout l’amour dont il a besoin en cet instant.
L’émotion est là, tapis au fond :
« Ne la laisse pas sortir ! »
Crie une de mes parts, alors que je vois pour la dernière fois Sidonie et Marie qui viennent me rendre visite suite aux deux jours passés ensemble.
« On va pas les quitter comme ça !! Après ce qu’on a vécu ensemble !? Moi j’veux les remercier à la hauteur de ce qu’elles m’ont donné, j’veux quelque chose de grandiose !!… »
Je prend dans mes bras cette part qui s’étonne tellement de recevoir autant, et les mots me touchent quand Sidonie me dit en réponse à notre « Merci »:
« Vous vous êtes offert ce cadeau ! »
Les émotions qui nous ont traversées, et que nous avons partagées étaient tellement fortes et purs que ce retour au quotidien, me paraît presque fade. J’aimerais exaucer le vœu de cette part qui souhaite encore vibrer de l’émotion vécue.
C’est plus que 1000 euros.
Et oui, cette part à raison, il nous faut quelque chose de Grandiose !!!
Pour la retrouver sur son blog, rendez-vous sur www.dessinemoilavie.fr
J’espère que ce témoignage vous a plus.
A très vite,
Marlène
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